février 2000

objet : courrier des lecteurs de "Pour la Science" dossier hors-série de janvier 2000 "de la graine à la plante"

Comment passe-t-on de la graine à la plante ?

La question posée a priori par le titre du dossier est de savoir comment on peut passer d'une graine ou d'une plantule à racine(-s), tige et feuille(-s) (en supposant que le lecteur maîtrise un minimum la typologie des organes des plantes en ces 3 membres) petites, à savoir courtes et de largeur faible, à une plante adulte qui a des organes beaucoup plus grands, c'est-à-dire plus longs et plus gros.
Ceci suppose d'être envisagé au moins en terme de morphologie externe (en admettant que l'anatomie ne soit pas abordée comme cela est précisé à propos des méristèmes secondaires p. 64). Les différents types d'édification des plantes et d'architecture chez les plantes actuelles sont en effet mal connus du public. Ces aspects sont intéressants par rapport à la classification morphologique, son apport à la taxonomie et d'un point de vue évolutioniste. Ceci est à la base de la compréhension du fonctionnement d'une plante, ou plutôt des plantes puisque cela varie selon les espèces : comparer en outre l'édification d'un blé et d'un "arbre" (puisque des articles sont consacrés à ces plantes) est indispensable pour avoir une vision cohérente et unifiée de la diversité du règne végétal ou au moins des plantes à graines.

Le dossier contient divers articles de botanique, certains très documentés, dont un sur l'architecture d'après son titre ; un seul schéma très général (p. 65) indique les points de croissance ; cependant on ne sait pas pour quel type de plante il est valable. Il est préférable de parler des architectures. Aucun article ne traite des fondements et principes des classifications morphologiques (dont celles liées à l'ontogenèse) et taxonomiques (synthèse de la morphologie et d'autres disciplines telles que la paléontologie, l'anatomie, l'histologie,...) actuelles. Ce sont justement ces aspects qui font défaut à la plupart des ouvrages en botanique, censés être synthétiques et parus au XXème siècle, sans compter les progrès récents sur certains de ces aspects. A la lecture de plusieurs articles, le lecteur pourrait croire qu'un outil nouveau tel que la biologie moléculaire va décider de l'avenir de la botanique.

En conclusion, le dossier peut décevoir le lecteur par rapport au titre attrayant (original par rapport au contenu de la littérature dominante actuellement) qu'il eut été fort utile de traiter. Il en va de la pertinence de perception de l'ensemble de la botanique par le public et même par certains chercheurs en sciences de la vie, voire dans le domaine végétal (il suffit de regarder la vision partiale et partielle des sujets sélectionnés dans les programmes du C.N.R.S., négligeant la morphologie en général). Pour ce qui est des programmes retenus couramment, la recherche actuelle en souffre par des problématiques parfois inadaptées à la diversité des ontogenèses des plantes.
 

Daniel Chicouène, botaniste sans emploi.

P.S. : A propos de chercheurs dans le domaine végétal qui ne maîtrisent pas ces aspects d'ontogenèse, un courrier des lecteurs (déjà quelque peu polémique qui a eu le mérite d'être publié par la revue "la Recherche" en décembre dernier - cf. www.larecherche.fr -) en aborde des aspects à 2 reprises (pour la physiologie des systèmes racinaires et l'architecture aérienne).


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